Le Forum du Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution dans l’Union Monétaire Ouest-Africaine (FGDR-UMOA), tenu le 8 avril 2025 à Dakar (Sénégal), a mis en lumière « les rôles respectifs des acteurs du filet de stabilité financière ». Les participants ont, en effet, échangé autour du dispositif de sécurité financière, explorant ses différentes composantes et les responsabilités de chaque acteur impliqué.
Lors de son intervention, Patricia Anoma, directrice du FGDR-UMOA, a soulevé la question des plafonds d’indemnisation applicables tant aux systèmes financiers décentralisés (SFD) qu’aux déposants. Elle a rappelé que « le dispositif de couverture des dépôts est encore récent dans notre zone », et que les ratios techniques en vigueur, issus d’études menées entre 2008 et 2012, doivent continuer à s’appliquer tant qu’ils n’ont pas été révisés par les autorités de l’Union. « Toute réforme devra se fonder sur des éléments factuels, appuyés par des données statistiques fiables », a-t-elle insisté.
Selon ses dirigeants, le FGDR-UMOA joue un rôle clé dans le renforcement de la stabilité financière à travers plusieurs missions essentielles : l’indemnisation des déposants en cas de cessation de
paiement d’un établissement adhérent, le financement des actions de résolution et la promotion de la culture financière.
Le FGDR-UMOA agit en coordination avec d’autres acteurs majeurs, notamment la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), chargée de la régulation du secteur bancaire et financier, ainsi que de la politique monétaire de l’Union.
Yaye Aminata Seck Mbow, directrice générale de la Stabilité financière et du financement des économies à la BCEAO, a décrit le rôle central et multidimensionnel du régulateur à travers trois fonctions majeures: architecte; pour l’élaboration du cadre réglementaire; sentinelle, pour le suivi des risques via la surveillance macro-prudentielle ; et bouclier, pour apporter des réponses rapides aux crises, notamment en assurant la fonction de prêteur en dernier ressort, en fournissant de la liquidité d’urgence aux banques solvables en difficulté passagère.
Elle a également rappelé les réformes entreprises par la BCEAO en collaboration avec ses partenaires pour aligner le cadre réglementaire sur les meilleures pratiques internationales, notamment par la révision des lois bancaires, de la législation sur la microfinance et du niveau de capital minimum des banques.
Autre acteur clé : la Commission bancaire de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa), organe régionale qui exerce les fonctions de supervision et de résolution des institutions assujetties via ses deux collèges (Supervision et Résolution). Antoine Traoré, secrétaire général de la Commission, a souligné son rôle dans la stabilité du système financier de l’UMOA. Elle veille notamment à la protection des déposants et délivre les agréments aux institutions financières, s’assurant qu’elles disposent des capacités financières et techniques nécessaires.
La Commission suit également le parcours des institutions financières pour s’assurer de leur conformité avec les règles de la BCEAO, de la qualité de leur gouvernance, ainsi que de leur gestion des risques (crédit, liquidité, opérationnels). En cas de difficulté, elle met en œuvre des plans de redressement préventifs : dispositifs d’urgence, injonctions ou mesures correctrices.
Enfin, les États membres de l’UMOA jouent un rôle stratégique en tant que prêteurs en dernier ressort et garants de la politique publique visant à protéger les déposants et renforcer la stabilité financière. Zacharia Keita, conseiller technique du ministre des Finances et du Budget de la Côte d’Ivoire, a expliqué que l’État peut intervenir via des outils monétaires, budgétaires et fiscaux, en lien avec la Banque Centrale.
Toutefois, il a rappelé les risques que peut entraîner l’intervention étatique, tels que, l’aléa moral, avec la nécessité d’imposer des conditions strictes aux établissements bénéficiaires, notamment, l’exigence de fonds propres, interdiction temporaire de distribution de dividendes; le risque inflationniste ; l’alourdissement de la dette publique, en cas d’injection non contrôlée de fonds dans le système financier.
Il conclut que toute intervention publique dans le secteur financier doit être conditionnée, notamment sous forme de prêts, afin d’assurer un rôle cohérent de coordination économique et politique.