L’agence Bloomfield Investment Corporation a attribué à la Guinée équatoriale une note « Investment Grade » à l’issue de son processus de notation financière en monnaie locale, reflétant une stabilité relative malgré un contexte économique complexe.
À l’issue de son évaluation, le Comité de notation de Bloomfield a attribué les notes suivantes à la Guinée équatoriale :
- Note à long terme : BBB, avec une perspective stable
- Note à court terme : A2, également avec une perspective stable
Ces notations classent le pays dans la catégorie Investment Grade, traduisant une capacité modérée à honorer ses engagements financiers, mais exposée à des vulnérabilités économiques structurelles.
Une économie fragile, impactée par les chocs externes et internes
Entre 2014 et 2023, la Guinée équatoriale a traversé une période prolongée de récession économique, accentuée par les contreperformances du secteur pétrolier, principale source de revenus du pays. Les crises géopolitique et sanitaire de 2019 à 2023 ont également aggravé cette situation.
Après une contraction de -5,5 % en 2019 et -4,8 % en 2020, une timide reprise a été observée en 2021 (+0,9 %) et 2022 (+3,7 %). Cependant, l’année 2023 a marqué un retour à la récession (-5,8 %), en raison d’un recul de la production pétrolière.
Le secteur tertiaire (activités extractives, raffinage, services liés aux hydrocarbures) est le seul à avoir contribué positivement à la croissance (+0,8 % en moyenne), tandis que les secteurs primaire et secondaire ont eu des contributions négatives de respectivement -2,7 % et -0,4 %. De plus, les investissements (-7,2 %) et échanges commerciaux (-7,1 %) ont chuté sur la période.
Une stratégie de diversification en cours, avec l’appui du FMI
Face à cette instabilité, les autorités équato-guinéennes ont lancé en 2019 la Stratégie Nationale de Développement Socioéconomique (ENDS) 2035, à l’issue de la 3e Conférence Économique Nationale (CEN III). Cette stratégie vise à diversifier l’économie et à améliorer les conditions sociales. Le premier plan quinquennal couvre la période 2020-2025, avec un accompagnement technique du FMI.
Un climat politique et institutionnel à renforcer
Sur le plan politique, la note « Élections et démocratie » de la Fondation Mo Ibrahim est tombée à 8,3 % en 2023, contre 17,5 % en 2019, signalant un manque de transparence dans les processus électoraux. Malgré la présence de 16 partis, le pouvoir reste dominé par un parti unique depuis 1979. Par ailleurs, la gouvernance reste faible, avec une 172e place sur 180 au classement de Transparency International.
Réformes budgétaires et gestion des finances publiques
La mise en œuvre de l’Agenda 2035 prévoit des réformes structurelles des finances publiques :
- Réforme du Système Intégré de Gestion des Finances de l’État (SIGFE)
- Renforcement du rôle de l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF)
- Création d’une Commission nationale de lutte contre la corruption
- Amélioration de la gouvernance des régies financières (DGI, DGD, Trésor)
La Banque africaine de développement (BAD) a souligné des insuffisances dans la gestion budgétaire, avec une note EPIP en baisse (1,88 en 2021 contre 2,25 en 2018).
Finances publiques et endettement sous contrôle
En 2023, les ressources budgétaires ont atteint 1 635 milliards de FCFA, en hausse de 32 % par rapport à 2019, principalement issues du pétrole (82 %). Les dépenses ont progressé de 30 %, orientées vers les infrastructures publiques (28 %) et les frais de fonctionnement (30 %).
Le solde budgétaire est resté excédentaire (3,37 % du PIB en moyenne), sauf en 2020, respectant ainsi les critères de convergence de la CEMAC. Le ratio dette/PIB reste en dessous du seuil communautaire de 70 %, bien que la dette inclue des arriérés importants envers le secteur BTP, bancaire, et la BEAC, encore non apurés.
Perspectives et recommandations de Bloomfield
L’agence Bloomfield recommande de poursuivre :
- Les réformes de gouvernance financière
- Le soutien à la diversification économique
- L’apurement des arriérés de l’État
Malgré ses fragilités structurelles, la note « Investment Grade » souligne la résilience budgétaire et la capacité d’ajustement de la Guinée équatoriale face à un contexte macroéconomique incertain.