Par Pape Ndiouga DIOP, Consultant à l’Institut Africain de Finance Islamique.
Le 10ème Forum International sur la Finance Islamique de l’Afrique de l’Ouest (IFF West Africa 2025) se tiendra les 23 et 24 juin 2025 au King Fahd Palace de Dakar. Dans un contexte de pressions accrues sur les dettes souveraines et de saturation des bilans publics, les États africains n’ont d’autre choix que d’innover.
Le sukuk, obligation adossée à des actifs réels et conforme à la charia, s’impose peu à peu comme une solution de financement viable, éthique et résiliante.
La 10ème édition du Forum international sur la Finance islamique de l’Afrique de l’Ouest, plus grande rencontre en Afrique sur cette industrie, qui mettra cette année l’accent sur deux leviers puissants et éthiques : les sukuks souverains pour financer des projets stratégiques d’infrastructure, et les instruments participatifs islamiques pour stimuler l’accès au financement des PME, cœur battant de nos économies.
Lors de son intervention hier à la deuxième édition des rencontres de l’APSGI (L’Association Professionnelle des Sociétés de Gestion et d’intermédiation de l’UEMOA), M. Mouhamadou Lamine Mbacke a mis en exergue le potentiel inexploité de la sous région à l’émission de Sukuk en monnaie locale pour financier entre autres le secteur de l’immobilier dans l’UEMOA. Il a salué la volonté et les innovations de l’AMF-UEMOA (L’autorité des Marchés Financiers de l’Union Monétaire Ouest Africaine) pour favoriser l’éclosion d’un marché des capitaux des Sukuks pour mobiliser les investissements participatifs pour réaliser les projets d’infrastructures et stratégiques pour nos pays.
M. MBACKE a insisté sur le fait que non seulement ces investissements participatifs (de types Sukuk ou Moucharakah) n’augmentent pas le ratio d’endettement car au final peuvent être structurés comme des investissements directs, mais aussi issus en monnaie locale, ils enlèvent la pression sur l’endettement en devises.
Il a par ailleurs qualifié la structuration des Sukuk Ijara émis par le Sénégal ces dernières années comme inadaptée à notre économie car des pays comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont un besoin important de financer des infrastructures ou des projets générateurs de revenus (autoroutes à péages, aéroports, centrales électriques etc…) contrairement aux pays occidentaux comme le Luxembourg ou le Japon qui ont structurés des Sukuks Ijara dans le but d’attirer les investisseurs islamiques car n’ayant pas le besoin de financer des actifs réels générateurs de revenus.
Le caractère de financement participatif (investissement) et impact sur l’économie réelle des Sukuks sont en parfaite adéquation avec les besoins des pays de l’UEMOA à combler leur gap infrastructures et d’attirer les investissements directs conformes à la charia.
Le 10ème anniversaire du Forum sur la Finance Islamique de l’Afrique de l’Ouest (IFF West Africa 2025) qui se veut une méga édition, en partenariat avec le Banque islamique de développement et ayant comme pays hôte la Côte d’Ivoire, donne l’opportunité de mettre face à face les fonds d’investissements sharia compliant, les gouvernements et le secteur privés de l’UEMOA ainsi que les meilleurs experts en la matière, pour combler le gap de l’Afrique en général dans cette industrie qui galvanise un volume d’actifs de plus 4 000 milliards de dollars à travers le monde avec un taux de croissance à deux chiffres dont notre continent reste à la traine avec moins de 5% de part dans ces actifs.