Ce lundi 28 avril 2025, à Cotonou, la Banque Internationale pour l’Industrie et le Commerce du Bénin (BIIC) a posé sa pierre tombale — brillante, opulente et pleine de promesses — sur l’immuable parvis de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).
Sous le discret symbole BICB, l’établissement béninois rejoint le panthéon feutré des 48 sociétés cotées, inscrivant son nom dans l’aristocratie du capital régional. La scène n’était pas anodine : quatre mois seulement après la Loterie Nationale du Bénin (LNB), le Bénin accroît sa présence sur la place financière commune de l’UEMOA.
L’événement aurait pu se noyer dans l’habituelle liturgie des introductions en Bourse, si la BIIC ne s’était singularisée par sa démesure. En levant 100,45 milliards de FCFA, la banque pulvérise les précédents records bancaires d’ORAGROUP (2019) et d’Ecobank Côte d’Ivoire (2017), laissant derrière elle un sillage d’étonnement et d’admiration. Dans l’histoire déjà sélective de la BRVM, seul l’IPO d’Orange Côte d’Ivoire en 2022, avec ses 140,98 milliards de FCFA, dépasse cette performance éclatante.
La BIIC démarre en force. Avec une capitalisation initiale de 323,45 milliards de FCFA, l’ancienne banque de l’État béninois parachève un processus de privatisation devenu modèle, et transforme une transition administrative en geste économique magistral.
Pour rappel, plus de 10 000 investisseurs particuliers — ces anonymes dont le bulletin d’adhésion devient acte de foi — ont participé à cette aventure, portant près de 25 % du montant levé. Fait rarissime dans un marché où le gros œuvre reste souvent l’apanage des institutionnels.
Face à cette marche triomphale, la BRVM, sous la houlette de son directeur général, Edoh Félix AMENOUNVÉ , se félicite avec la retenue qui sied aux grandes maisons : l’introduction de la BIIC n’est pas qu’une opération réussie ; elle est la confirmation d’une maturité, d’une crédibilité désormais irréversible. L’espace UEMOA, longtemps à la recherche d’une voix économique propre, semble avoir trouvé dans son marché financier régional non plus un simple instrument, mais une véritable scène d’affirmation.
Ainsi, pendant que certains songent encore à « émerger », le Bénin, lui, sculpte son destin à la pointe du burin financier, et la BIIC, en gravant son nom sur le marbre de la BRVM, nous rappelle que, parfois, les pierres tombales sont en fait des pierres de naissance.