De notre envoyé spécial à Genève, Rodrigue Fenelon Massala, grand reporter.
Le magnat du négoce des matières premières et pierres précieuses Gunvor a été condamné pour responsabilité pénale en lien avec des actes de corruption dans deux pays africains. Par ordonnance pénale datant du 14 octobre, pouvons nous lire dans l’arrêt dont Financial Afrik s’est procuré une copie, le ministère public de Berne a condamné Gunvor (Gunvor International BV par sa succursale de Genève et Gunvor SA à Genève) au paiement d’un montant de près de CHF 94 millions (soit 85,5 millions d’euros), dont CHF 4 millions d’amende.
Le trader helvétique en matières premières n’a déployé aucun effort selon le procureur de Berne pour empêcher la corruption d’agents publics par ses employés ou ses intermédiaires afin d’accéder aux marchés pétroliers de la République du Congo et de Côte d’Ivoire entre 2008 et 2011. Le négociant en matières premières ne disposait ni d’un code de conduite permettant de donner un signal clair et de guider les employés dans leurs activités, ni d’un programme d’éthique. Autre élément accablant, le négociant suisse ne possédait pas d’audit interne et aucun collaborateur n’était en charge d’identifier, d’analyser ou de réduire le risque de corruption.
Il a été en outre constaté qu’à l’époque des faits, d’autres irrégularités et signaux d’alerte avaient été ignorés, notamment des autorisations pour de nombreux paiements vers des sociétés offshores tierces sans aucun lien avec les activités pétrolières ou encore le fait d’antidater des courriers justificatifs à l’attention de banques. Des comptes offshores appartenant à des personnes liées à des dirigeants ou des membres des familles des milieux politiques du Congo et de la Côte d’Ivoire par le biais de prête -nom ont été identifiés.
En outre, des personnes physiques, notamment les anciens collaborateurs et partenaires du négociant pétrolier ou intermédiaires financiers, sont actuellement sous enquête pour soupçons de corruption d’agents publics étrangers et de blanchiment d’argent dans les paradis fiscaux.
L’affaire a déjà fait l’objet d’un premier jugement, le 28 août 2018, devant la Cour des affaires pénales du Tribunal pénal fédéral. Des faits avérés suffisamment graves et qui ont eu une incidence conséquente dans l’organisation de la société. La décision de justice prise dans le cas de ce procès est la conséquence de l’instruction que le ministère public mène depuis décembre 2011 dans le contexte des activités sulfureuses de Gunvor en République du Congo et en Côte d’Ivoire.
L’affaire Gunvor va éclabousser dans les jours avenirs les milieux politiques et d’affaires du Congo et de la Côte d’Ivoire. Des gros bonnets selon nos sources sont visés dans cette affaire .Des commissions rogatoires du ministère public suisse sont attendues dans les pays suscités.